LES CHAPELLES IMPORTANTES D’ELLEZELLES

                   

           La chapelle du Bois Duchet.

 

Il y avait au XIV e siècle, à Ellezelles, au milieu d'un bois qui s'étendait du hameau de la Bruyère au Sablon jusque la Rigaudrye, non loin de la limite qui sépare la commune d'Ellezelles de celle de Flobecq, un vieux manoir habité par la famille de la Roc (De La Roque – De la Rocke).La partie de ce bois qui se trouvait entre le chemin de la Bruyère et le vieux castel porte encore le nom de Bois del' Roc; l'autre partie qui allait jusqu'à la Rigaudrye est défrichée depuis longtemps et s'appelle le Bois Douchet ou du Chet.  C'est sur l'emplacement de ce dernier bois, le long du petit chemin qui conduit  de la chapelle actuelle au moulin du Pladat(Flobecq), à l'endroit où ce chemin est traversé par un sentier allant du bois Del Roc à la Rigaudrye que s'élevait la chapelle primitive.  Deux légendes populaires de rattachent à l'origine de ce sanctuaire.  D'après la première, il y a plus de 100 ans sur le bord d'un bois, appelé bois du Chet, on voyait attachée à un hêtre, une petite statue de la Sainte Vierge.  Sans doute, avait-elle été placée là par quelque personne pieuse, afin que les passants où les voyageurs y viennent prier Marie contre les dangers que présentait à cette époque la proximité de la forêt.  Or, il arriva qu'un pauvre mendiant estropié et qui ne pouvait marcher qu'à l'aide de béquilles, s'arrêta un jour près de cette image, et y pria avec une telle confiance qu'il se releva guéri de son infirmité.  Transporté de joie, il déposa ses béquilles au pied du hêtre et retourna au village en publiant la faveur qu'il avait obtenue.  Le bruit se répandit rapidement aux alentours, et on accourut visiter la petite vierge jusqu'alors ignorée.  Comme elle se trouvait dans un lieu écarté, où presque personne ne passait, on crut bien faire de la porter sur un buisson d'épines beaucoup plus en évidence et qui croissait à quelque distance de là.  Mais le lendemain la Vierge se retrouva sur le hêtre, et ce fait se renouvela jusqu'à trois fois à la grande émotion de tout le voisinage.  Ce fut alors que le greffier d'Ellezelles Jouret, fit bâtir une petite chapelle en ce lieu, que Marie semblait avoir choisi.  Il entoura cette chapelle d'épines et de buis.  L'autre légende rapporte qu'un berger qui faisait paître son troupeau près du bois, aurait aperçu la statue et l'on ne sait pour quel motif, l'aurait détachée du hêtre et portée à la ferme où il servait comme domestique.  Le lendemain, l'image, se serait retrouvée à sa place primitive, ce qui aurait donné lieu à la construction de la chapelle.  Ce second récit est la reproduction presque identique, de la légende de N.D. du Buisson à Oeudeghien, commune peu éloignée d'Ellezelles.  Quoiqu'il en soit, ce lieu fut dès lors en grande dévotion, et on obtenait de nombreuses faveurs.  Les pèlerins y affluaient de toutes parts et surtout les boiteux et estropiés.  Le nombre de béquilles déposées à la chapelle et ex- voto, était vraiment extraordinaire et un fait curieux à citer, c'est que les infirmes du village surtout les pauvres soit pour éviter la dépense, soit parce que cela leur porterait bonheur, faisaient emprunter des béquilles à la chapelle, afin de s'en servir ; on les rapportait ensuite soit après la mort, soit après la guérison du mal. On invoquait aussi N-D. du Bois du Chet pour les maux de rein et, au temps des guerres du premier empire bien des jeunes gens venaient y prier pour échapper à la conscription.  La chapelle de N.D. du Bois du Chet n'était pas grande, elle avait à peine quelques mètres carrés de surface.  Les pèlerins devaient donc se tenir dehors et il en résulta que pendant l'été les récoltes voisines se trouvaient fort endommagées.  C'est sans doute ce qui décida l'abbé Gosse alors doyen d'Ellezelles à acheter en 1823 un terrain vague plus rapproché du centre du village et situé au bout de la carrière.  Il y fit bâtir la chapelle actuelle à environ 250 mères de l'ancienne.  Ce nouveau sanctuaire beaucoup plus spacieux était placé sur un terrain assez vaste pour que les pèlerins même en foule, puissent en faire commodément le tour.  Il est de forme carrée, avec un chœur en demi-cercle et à trois pans.  La longueur intérieure est de six à sept mètres et la largeur de quatre.  La voûte en plein cintre a environ cinq mètres de hauteur.

Le 8 septembre 1824, cette chapelle fut bénite solennellement on y chanta la messe, on y transporta la statue en procession et la Vierge continua d'y accorder ses grâces et ses faveurs.  Le concours des pèlerins fut toujours considérable surtout aux grandes fêtes de l'année.  Chaque dimanche on y apportait une quantité de cierges et souvent l'été la chapelle regorgeait de monde l'après-midi.  Le calvaire voisin abritant un beau Christ date

de 1906.  Le 15 août, le clergé y fait pèlerinage; les prêtres de la paroisse partaient après vêpres et allaient chanter les litanies de la Ste Vierge.  Une foule nombreuse les y attendait et se joignait à eux pour célébrer le triomphe de Marie en ce beau jour.  Cette cérémonie fut définitivement organisée  en 1832 par le Doyen Hochart. La construction de cette nouvelle chapelle ne  se fit pas sans exciter

quelques murmures, tant il est difficile de toucher, même pour des motifs

légitimes, aux choses que le peuple entoure d'une antique vénération.

Pendant la translation de la Sainte Image, plusieurs fidèles allèrent

mêmejusqu'à prédire qu'elle retournerait à son ancienne place." Non, répondit M. le Doyen, nous lui avons bâti une trop belle demeure pour qu'elle n'y reste pas". Il avait raison , et peu à peu, la fâcheuse

impression cessa. Marie continua d'accorder ses faveurs au nouveau

sanctuaire. Ce fut , en effet, à cette époque, qu'une dame de Renaix, en reconnaissance d'une grâce particulière obtenue par l'intercession de

N.D.du Bois Duchet, fit cadeau à la Sainte Vierge, d'une chaîne d'or qu'elle portait autrefois dans les solennités.

Quoiqu'il en soi , ce lieu fut dès lors l'objet d'une grande dévotion et on

y obtenait de nombreuses faveurs.

          N. D. du Bois Duchet Pendant la guerre 1940-1945.

( Propos recueillis par Claire Dubois auprès de madame Simone Hendtick-Haustrate pour le Mémorial N°,du CRPHE).)

" Mes parents et moi, nous habitions près de la chapelle du Bois Duchet.

Dès le début de la guerre, de nombreuses mères et épouses de prisonniers montaient et descendaient la Bruyère. La modeste chapelle était ouverte à

tous.

Chaque soir nous récitions le chapelet. De plus en plus de fidèles assistaient à cette dévotion. Des femmes commencèrent à apporter des photos de leur prisonnier. Nous les attachions sur les murs blancs du petit édifice et nous les placions ainsi sous la protection de la Vierge.

Les jours de grandes fêtes, les veillées étaient rythmées par des chants à Notre Dame On allumait des bougies elles étaient pourtant coûteuses.

On s'y retrouvait aussi pour parler de ceux qu'on attendait et qui tardaient à revenir.Maman et moi, nous priions tout spécialement pour mon père Georges qui était aussi en captivité..

En fin de semaine, nous allions nettoyer et mettre de l'ordre dans la chapelle.J'ai toujours été frappée par le nombre de personnes que l'on disait incroyantes ou non pratiquantes qui assistaient à nos rituels et qui nous accompagnaient dans ces litanies sans cesse répétées à cette Vierge si ancienne.

Je crois qu'elles en sortaient réconfortées.Cette aide ainsi reçue au travers des prières se concrétisait par l'espoir que tout se terminerait un jour."

A noter que, jusqu'en 1956, les enfants qui avaient fait leur communion solennelle y venaient également le lundi de la Pentecôte afin de se consacrer à la Sainte Vierge au cours de de la messe célébrée en son honneur.

Dans la chapelle actuelle, l'ancienne statue en bois peint est conservée.C'est probablement l'ancienne vierge miraculeuse.Elle n'est pas grossière ni informe comme beaucoup d'oeuvres de cette époque, mais fort bien travaillée.Elle représente une Vierge mère, mesure une quinzaine de centimètres de hauteur et est peinte en blanc avec des dorures.

Elle est placée dans un cadre en carton en forme de niche et fermée par une glace. Des fleurs et des dentelles lui forment un manteau.Elle est très belle.    

Une statue plus grande (70 cm) a été acquise par M;le Doyen Gosse.

En 1875, l'abbé Lepers fit restaurer cette nouvelle statue.

En 1905, le 30e anniversaire de cette rénovation de la chapelle et de la statue fut célébré par un pélerinage grandiose, qui eut lieu le jour de l'Assomption. Dès le 14 août au soir, des salves de canon annonçaient la fête.

Le 15 août, après les vêpres, les enfants de choeur avec la croix traditionnelle prirent la tête d'une procession, que la fanfare " Les amis réunis" entraînaientpar des morceaux choisis.

Le cortège comptait 3000 personnes parmi lesquelles on distinguait les délégations des écoles, le pensionnat de la Visitation avec bannières et oriflammes, la statue de N.D. du Bois Duchet, portée par des jeunes filles vêtues de blanc, les mystères du rosaire représentés par des enfants,une

grande croix  bénie à l'église, placée sur un plan incliné , de velours frangé d'or, portée par les étudiants d'Ellezelles. Le clergé et la foule terminaient la procession. Sur le parcours, des drapeaux tricolores étaient arborés, des fleurs jonchaient le chemin, des arcades de verdure fleuries s'élevaient en divers endroits .Près de la chapelle, au milieu des bannières, se détachaient deux chronogrammes :

Mère de Grâce, secourez Ellezelles...Et prions Marie, la protectrice Chérie

de la paroisse.

Le crucifix fut placé au Calvaire.Le Doyen Devroede récita le rosaire et

l'abbé Botteldoorn, principal d'Enghien, prononça l'allocution.La ferveur

fut telle qu'un chant fut écrit en son honneur et interprété à cette occasion;

              Hommage à Notre Dame du Bois Duchet.

      

          Refrain : O Sainte Patronne

                    De la bonne mort

                    Du haut de ton trône

                    Prends soin de mon sort.

          1. En ce doux sanctuaire

             Que d'âmes ont trouvé

             Appui, force et santé

             Secours dans leur misère

             Et lorsque sonne l'heure

             Du dernier des adieux

             De qui t'offre ses voeux

             Tu calmes la terreur

          2. C'est toi qui a choisi

             Cette sainte chapelle

             Tu sembles à cet abri

             Nous dire " Je vous appelle"

             Nous répondrons, Marie

             A ton invitation

             Heureux, oui, qui te prie

             Avec dévotion.

          3. Sois toujours le rempart

             De la très-sainte Eglise

             Obtiens-lui sans retard

             Un triomphe éclatant

             Et des temps très prospères

             Accueille nos rosaires

             Tout en nous bénissant

          4. Abrège les douleurs

             Du successeur de Pierre

             Bannis loin de la terre

             Les schismes, les erreurs              

             Dans l'espoir et la foi

             La charité sublime

             Que tout chrétien s'anime

             A servir le vrai Roi.

          5. Protège Monseigneur

             Qui, plein de confiance

             En ta douce clémenc    

             Nous adresse à ton coeur

             Exauce-le toujours

             Bénis son diocèse

             Et qu'il ait d'heureux jours

             Que trouble s'apaise

          6. Sur notre bon pasteur

             Sur la paroisse entière

             Verse, ô très bonne mère

             Des trésors de ferveur!

             Protège les parents

             Et, dans chaque famille

             Que l'innocence brille

             Au front des chers enfants.

          7. O Mère, étends toujours

             Tes faveurs maternelles

             Sur notre cher Ellezelles

             Invoquant ton secours

             Dans les maux accablants Qui pèsent sur la terre

             O notre tendre Mère

             Veille sur tes enfants.

          8. Anges et bienheureux

             A votre souveraine

             A notre auguste Reine

             Sans cesse offres nos voeux

             Nos coeurs de ce beau jour                                    

             Garderont la mémoire

             Où d'un trône de gloire                 

             Nous bénit son amour.

Le 15 août  1974, une nouvelle statue a été portée processionnellement à la chapelle . Une très grande foule y participait, l'Administration communale en tête.

Mais le pélerinage le plus touchant est celui qui se faisait à N.D. du Bois Duchet pour les moribonds.Dès qu'une personne est à l'article de la mort, neuf voisins ou amis se réunissent pour faire pélerinage.Souvent même dans la pieuse pensée que la prière  d'une âme innocente pénêtre mieux le coeur de la Reine des Anges, on fait venir huit enfants de neuf à onze ans, une grande personne qui les conduit complète la neuvaine et on se rend à la

chapelle par rangs de deux, en récitant le chapelet à haute voix...En arrivant au sanctuaire on y allumait les cierges et après avoir prié

on retourne dans le même ordre et toujours en disant le chapelet jusqu'à la

maison du malade.Nul doute que cette pieuse pratique n'attire la bénédiction de Marie.Cette chapelle appartient à la Fabrique d'église.

 

 

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